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HISTOIRE DE LA VILLE ET DU PONT

Jargeau : quelle histoire !

Les alentours proches de Jargeau ont dû connaître une présence humaine dès le paléolithique puisque quelques bifaces y ont été retrouvés. Néanmoins, les débuts de son histoire nous sont mal connus ; Les ouvrages sur Jargeau ne s’accordent pas sur le fait que Jargeau ait pu être sur une île au gré des mouvements du lit de la Loire. La vie d’une “humble communauté chrétienne" est évoquée par un historien du XIXe siècle, Mr de Monvel, au IVe siècle autour d’une église due à la générosité de Ste Hélène par l’intermédiaire de l’amitié qui la liait avec St Martin de Tours. La vie de cette communauté n’est pas décrite pendant plusieurs siècles. On suppose que, comme toutes villes du bord de Loire, elle eût à subir les incursions normandes et leurs pillages puisqu’ils sont avérés à l’abbaye de Fleury à St Benoit sur Loire.

Ce n’est qu’à partir du Xe siècle que Jargeau se retrouve dans les cartes royales et les bulles pontificales. En l’an 1000, les reliques de St Vrain (ou St Véran) évêque de Cavaillon furent amenées à Jargeau, d’abord près d’une fontaine dans un hameau de Jargeau, la Fontaine St Vrain, puis dans l’église.

Au XIIe siècle, deux évêques d’Orléans deviennent seigneurs temporels de Jargeau. La communauté religieuse est transformée en chapitre de chanoines et l’église est placée sous le patronage de St Vrain. En 1154, Manassès de Garlande, consacre cette église reconstruite et crée la Foire aux “Châts" qui sont les châtaignes qu’on pouvait y trouver.

En 1201, Philippe Auguste prend la ville sous sa protection et en 1220 (? date juste à 20 années près), le second évêque Manassès de Seignelay fait construire le premier pont de pierre sur la Loire.

La ville va connaître, pendant 300 ans, les événements politiques qui se déroulent dans le royaume de France, dont la Guerre de 100 ans et les guerres de religion. La guerre de 100 ans fait entrer Jargeau dans l’Histoire avec comme point d’orgue, le combat et la libération de la ville par Jeanne d’Arc et ses armées le 12 juin 1429. La série de victoires de celle-ci dans d’autres villes des bords de Loire amènera au couronnement de Charles VII à Reims le 17 juillet 1429.

Au milieu du XVIe siècle, la religion réformée se répond en France et l’Orléanais est une des régions du Nord qui compte le plus de protestants ou huguenots. Les conflits éclatent entre les deux communautés et Jargeau subit alors les exactions des parties en conflit, autant protestants que ligueurs qui, tour à tour, assiègent, prennent et pillent la ville. Lors de ces pillages, les reliques et les objets de valeurs disparaissent. En 1598, par l’Edit de Nantes, Jargeau devient une place de sûreté protestante mais en 1621, la ville repasse dans le giron catholique.

1634 Gergeau sur une carte du duché d’Orléans

Une autre période de l’histoire marque le dernier siège de la ville. Les frondeurs veulent empêcher Louis XIV de séjourner quelques heures à Jargeau dans sa route vers Gien. Turenne et l’armée royale parviennent à contenir les opposants jusqu’à l’arrivée du roi et de son escorte de 4000 hommes.

La révolution marque également une époque importante. Dans les années 1780-1790, Jargeau n’échappe pas à la crise économique et les cahiers de doléances rappellent cette situation. La nuit du 4 août scelle la fin des pouvoirs de l’évêque d’Orléans. Jargeau, initialement, n’avait pas été choisi comme chef-lieu de district, mais suite à une pétition, devient quand même chef-lieu d’un petit canton qui comprend Darvoy et Sandillon. Le Chatelet accolé à l’Eglise devient le siège des représentants “communaux", et après rénovation, il le restera jusqu’en 1841. En 1790, le pont s’est rompu provoquant des pertes économiques importantes dans cette période déjà bien marquée par les efforts demandés suite aux guerres internes et à la météorologie peu clémente. La fin de la période révolutionnaire et les guerres du premier Empire sera donc sensible au manque de céréales, situation aggravée par la quasi monoculture de la vigne pratiquée dans la région.

En 1856, Jargeau compte 2800 habitants, mais en 80 ans, la ville perdra 35 % de sa population dans l’exode rural. Elle change également de physionomie et passe d’une ville médiévale avec ses remparts à une ville ouverte : les fossés sont comblés, les égouts mis en œuvre et le pont a déjà été reconstruit.

Cette période est également marquée par les trois grandes crues de 1846, 1856, 1866 qui amenèrent à la construction du déversoir en amont de la ville et de barrages de retenue dans le haut bassin de la Loire

Une brève histoire des ponts de Jargeau

Le pont de Jargeau de ses origines à nos jours

Le pont médiéval

On sait que c’est Manassès de Seignelay, évêque d’Orléans qui est à l’origine du premier pont de pierre connu à Jargeau. Sa construction a eu lieu entre 1207 et 1221 (la construction du pont de Meung sur Loire à la même époque est aussi à son initiative). Il est possible que d’autres ponts de bois aient précédé cette construction, aucun document connu ne l’atteste.

L’extrémité sud de ce pont se trouvait sensiblement en face de l’actuelle rue de la Basse-cour, la collégiale et le quartier canonial étant considérés comme le centre urbain de la ville. Il a comporté à certains moments de l’histoire jusqu’à trois portes fortifiées établies sur des piles. L’entretien et les reconstructions partielles successives étaient financés par la perception de droits de passage et par des legs en faveur de l'"Œuvre du pont". Cette institution a perduré jusqu’à la fin du XVe ou au XVIe siècle et on pense que l’administration municipale a repris cette gestion.

Ce pont, durant ses plus de 500 ans d’existence, a subi de nombreuses réparations voire modifications : le nombre de piles est passé de 19 à 16, en remplaçant certaines arches en arc-brisé par des arches de plein cintre permettant une largeur de passage plus importante.

Il restera en service jusqu’en 1790, date à laquelle la chute d’une arche et de l’érosion provoquée par un bateau venu se mettre en travers d’une des passes font que l’ensemble du pont s’écroule vers l’aval. Pendant plus de 40 ans, la liaison Jargeau St Denis de l’Hôtel se fera par une passerelle puis un bac.

Le pont suspendu en bois

Le pont est créé avec une sortie sud déplacée de 80m en aval par rapport au pont de pierre, amenant son débouché face à la Grande Rue de la ville. Il aura à subir les trois grandes crues décennales à partir de 1846 qui seront sources de dégâts. Ce pont est toujours à péage et sa concession est initialement prévue pour 75 ans à partir de 1833 au profit de la “Société des ponts réunis". En 1892, l’État, le département et les communes intéressées rachètent la concession de péage. Sa conception trop flexible le rend inadapté à la circulation automobile.

Le pont suspendu métallique

Il est inauguré le 10 juillet 1927. S’avérant rapidement trop fragile, il doit être renforcé en 1934 déjà à cause du gel. En 1940, des câbles furent sectionnés pour ralentir l’armée allemande. Les travées effondrées sont reconstruites jusqu’en 1943 et le pont fut bombardé par l’aviation alliée en 1944 faisant basculer l’ensemble du tablier. Après sa reconstruction en 1945, l’ouvrage subit de nombreux renforcements ou réparations.

En 1967, une passerelle pour piétons fut accolée au pont pour satisfaire le besoin de sécurité des piétons et des cyclistes et améliorer les conditions de circulation.

Le 16 janvier 1985, vers 7h40, le pont de Sully sur Loire ne résiste pas à un froid intense et s’effondre sur toute sa longueur dans le lit du fleuve, sans faire de victime. Le pont de Jargeau est suspendu comme le pont de Sully, mais avec des câbles indépendants entre les piliers. En 1985, l’hiver est très froid, le thermomètre ne repasse pas positif en journée, les plaquettes de glace en suspension dans l’eau se forment, les “glaçons" deviennent de plus en plus gros, l’embâcle se forme sur plusieurs dizaines de kilomètres obligeant les militaires à dégager les piles du pont à l’aide d’explosifs. A la suite de cet hiver, il est décidé de renforcer ses piles par l’installation de socles bétonnés pris dans des coffrages de palplanches. La décision est néanmoins prise de construire un nouveau pont plus adapté au trafic routier. Après la construction du nouveau pont, les communes refusent d’assurer l’entretien de l’ancien, proposé par le Conseil Général en échange de la vente pour le franc symbolique, et le pont est détruit en 1989. Les culées nord et sud sont conservées et aménagées en belvédères.

La construction du pont actuel à partir de 1987 et la mise en service en 1988

Le choix a été fait de décaler à nouveau l’emplacement du pont aussi bien sur la rive nord que sur la rive sud et la sortie côté Jargeau est positionnée face au Boulevard Carnot en amont d’une centaine de mètres par rapport au précédent. Long de 333m et large de 10m, il comporte cinq travées et son tablier est en béton armé. La forme des piles a spécialement été étudiée pour accrocher la lumière dans toutes les positions du soleil ou de l’observateur. Il supporte une circulation estimée entre 10000 et 15000 véhicules par jour, comprenant un nombre important de poids lourds.

 POUR EN SAVOIR +

Références

Article rédigé avec l’aide des 2 livres : Jargeau sur la rivière Loire (MM. Poivet et Pouillot) et Le pont médiéval de Jargeau sur la Loire (M.Mesqui).